Aujourd’hui, j’ai envie de vous présenter les travaux de l’Australienne Priscilla DUNSTAN ! Précurseure dans sa recherche autour des sons émis par les bébés dans leurs premiers mois de vie, elle a, par ce biais, fait une autre découverte. Nous vivons selon un registre sensoriel privilégié. Ce n’est pas un scoop ! Mais, sa manière de le présenter durant les premières années de vie de l’enfant est vraiment très éclairante. Nous avons tous,intérêt à utiliser cette piste supplémentaire pour mieux accompagner et comprendre nos enfants.
Un bébé qui ne dort pas dans sa magnifique chambre trop silencieuse. Un garçon de trois ans qui persiste à ranger ses jouets et peluches d’une certaine façon et pique une colère si vous y touchez. Ou encore une fillette de quatre ans qui passe d’une émotion à l’autre au moindre petit changement dans sa vie. Ces comportements sont-ils problématiques ? Est-il nécessaire de chercher une cause, une angoisse, un problème derrière ces attitudes ? Non, pas obligatoirement ! Les réactions de ces enfants sont fonction de leur système sensoriel et se justifient parfaitement.
Il est vrai que nous n’imaginons pas que l’enfant se vit dans le monde à travers un filtre sensoriel. Or, dès ses premiers jours de vie, il perçoit le monde de manière préférentielle avec son corps, ses oreilles, ses yeux, son nez ou sa langue et ses émotions. En effet, Priscilla Dunstan l’a constaté lors des nombreux enregistrements qu’elle faisait pour ses recherches.
DÉCOUVERTE D’UN REGISTRE SENSORIEL
Rapidement, elle a constitué des groupes et classé les comportements des enfants selon certains critères. D’abord, elle a vu des enfants explorer avec leurs mains, avoir besoin de bouger. Ces petits très « remuants » et ayant besoin de contact sont devenus les « tactiles« .
Ensuite, elle a facilement reconnu les « visuels » et les « auditifs« . Bien sûr, les premiers avaient toujours besoin d’avoir leur mère à portée de regard. Leurs parents avaient repéré qu’ils s’endormaient mieux dans le noir. À coup sûr, ces bébés réagissaient fortement aux stimuli visuels. Quant aux auditifs, leur sensibilité aux sons pouvait être déroutante. Certains avaient besoin de bruits familiers pour s’endormir alors que d’autres étaient trop stimulés par ces derniers. Quoiqu’il en soit, la voix et le ton des parents avaient une importance particulière. Ses bébés avaient une relation spéciale au monde sonore.
Le dernier groupe, puisqu’elle en a identifiés quatre, a été le plus complexe à appréhender. Sans doute, que les enfants qui le composent sont aussi plus subtils à cerner. Si une caractéristique les définit, c’est bien leur réactivité aux émotions de l’entourage. Ce sont des enfants très intuitifs qui vont ancrer leur mode sensoriel dans le goût et l’odorat. Étonnamment, leur assiette sera le siège de contrariétés difficiles à percevoir pour le parent.
Si le visuel sera sensible à la couleur de l’assiette ou que le tactile aura plaisir à patouiller, l' »olfacto-gustatif » pourra être gêné par un simple changement de marque alimentaire …
LES CONSÉQUENCES DANS LE QUOTIDIEN
Vous imaginez bien qu’une fois cette grille de lecture en tête, nous ne pouvons plus voir nos enfants de la même manière. Quand vous avez identifié le canal privilégié de votre enfant, vous pouvez vous adresser à lui dans la bonne « langue ». Par exemple, il est inutile de tenter de convaincre un enfant « tactile » avec des mots, mieux vaut lui poser la main sur l’épaule. De la même manière, c’est peine perdue de poser un bébé visuel sur son tapis dans le salon, quand vous préparez le repas dans la cuisine.
Mais plus encore, la connaissance de ces caractéristiques est très utile quand le registre du parent est différent de celui de l’enfant.
Imaginez une maman à tendance visuelle, aimant les jolies choses, les intérieurs ordonnés et décorés avec goût. Maintenant, imaginez sa petite fille de 14 mois, tactile, vive et curieuse. À l’heure du repas, cette maman prépare la table avec joie. Elle a acheté de nouveaux couverts, une nouvelle assiette, un verre assorti. Quand les légumes sont cuits et que la petite manifeste sa faim, cette maman organise l’assiette à la manière d’un joli tableau. Quelques minutes plus tard, cette jolie scène est devenue un « champ de bataille » ! La petite a écrasé les petits pois sur la nappe. Quant aux graines de semoule, elles sont répandues sur le sol. Pire, cette enfant n’a même pas remarqué la nouvelle fourchette.
Alors que cette maman se réjouissait de ce temps, elle n’a fait que s’agacer face au carnage. Plus que tout, elle a été déçue de ne pas voir sa fille éprouver de la joie face à la nouveauté.
AJUSTER SES RÉACTIONS
Souvent, nous avons ce mouvement à opérer dans notre parentalité. Nous anticipons des réactions et nous sommes surpris par la réalité. Et pourtant dans ce cas, si la maman savait que sa petite fille est tactile, qu’elle apprend via l’expérimentation corporelle, elle serait sans doute moins touchée par ce qu’elle vit. Et même, si elle a passé beaucoup de temps à préparer joliment la table, elle pourrait comprendre que cette enfant a besoin de mouvement, de contact et non pas d’objets bien agencés, juste à regarder…
Ce livre » Parler le langage sensoriel » regorge d’exemples. Il propose également un questionnaire pour repérer le profil de votre enfant, mais aussi le votre. Si vous souhaitez que je vous envoie le document y correspondant, n’hésitez pas à en faire la demande ici. Je vous souhaite de faire de jolies découvertes et de mieux appréhender les attitudes de vos petits. Bien sûr, cette lecture est un outil supplémentaire et en aucun cas, la solution à toutes les manifestations de vos enfants. Des tensions, des douleurs, des symptômes, un inconfort durable méritent toujours une vérification auprès d’un spécialiste.