Bien vivre son post-partum ?

Avez vous remarqué comme, dans une société où la maternité est réduite au « rose bonbon » et aux photos de bébés endormis entre ses parents souriants, bien vivre cette période est un véritable challenge ?

En réalité, certains semblent encore ignorer combien la période postnatale demande une grande adaptation. Pendant la grossesse, la mère vit un chamboulement physique et psychique incroyable. Mais ce temps ne s’arrête pas à la seconde où le bébé naît. Durant les jours et les semaines qui suivent, les adaptations s’enchaînent au niveau métabolique, tissulaire et hormonal. D’abord, le corps qui a mis neuf mois à façonner un bébé se retrouve subitement vide. Mais aussi à partir de cet instant, il ne ressemblera plus jamais au corps d’avant. Autant dire que les émotions qui le traversent sont intenses. Souvent même, les sensations sont inconnues. Et contrairement aux idées reçues, ce corps va connaître une « dégestation » qui lui prendra encore au moins un autre trimestre.

Parallèlement, le bébé, lui aussi connaît un changement irrémédiable. Il passe du milieu liquide et chaud du ventre de sa mère au milieu aérien, froid, lumineux et bruyant. Il dépend alors absolument et totalement de l’amour des siens.

LA RÉALITÉ DU POST-PARTUM

C’est le moment où la maman essaie de s’adapter au rythme de son bébé alors que son corps est occupé à la récupération. Prioritairement, elle produit quantité d’hormones qui la soutiennent dans ce processus.

l'attachement: enjeu du post-partum

Inévitablement, elle supporte les saignements, les douleurs au ventre, aux seins … sans pour autant en avoir été véritablement informée.

Parfois, ses cellules réparent des tissus agressés par une césarienne ou une épisiotomie. De manière inattendue, elle se retrouve à gérer son transit, ses hémorroïdes. Silencieusement, elle réalise que personne ne l’avait préparée à cela.

Et puis courageusement, elle affronte les pleurs, les siens et ceux de son bébé. C’est difficile pour elle, même si son cœur est rempli d’amour.

Bien préparer son post-partum pour survivre aux pleurs du bébé

Bien que concentrée sur son petit, elle essaie de faire famille avec son partenaire qui tente lui aussi, de trouver sa place. C’est sans parler de la fratrie éventuelle qui elle aussi a besoin d’attention.

Et pourtant, tout chez ce bébé semble merveilleux : la douceur de sa peau, ses regards intenses, le lien qu’il tisse avec ses parents. Alors la dualité s’installe chez sa mère qui par moment, n’en peut plus et qui, en même temps veut faire de son mieux pour son bébé.

De l’importance de l’entourage

À ce moment-là, les questions qui la traversent ne sont que le fruit d’une société qui s’est éloignée de ses fondamentaux. Aujourd’hui, une mère est terriblement isolée. Le premier bébé qu’elle prend dans ses bras est souvent le sien. Malheureusement, elle n’a pas appris au sein d’un groupe de femmes comment s’occuper de lui. Majoritairement, elle a vu davantage ses amies donner le biberon qu’allaiter. Au quotidien, elle expérimente que personne n’est là pour gérer la maison ou lui préparer à manger. Malgré ses bonnes intentions, son partenaire est souvent encore plus démuni. Et pire encore, si par hasard, il doit retourner travailler, le décalage qui s’installe entre lui et elle ne fait qu’augmenter.

De toute évidence, la présence d’une mère, d’une tante, d’une doula, d’amies qui se relaient est indispensable pour assoir la sécurité maternelle. C’est cette sécurité qui générera son bien-être et facilitera l’attachement entre elle et son enfant. Alors rassurée sur ses compétences, elle pourra faire de la place à l’autre parent.

Bien préparer son post-partum

Alors, l’enjeu de ces trois premiers mois est de taille. Il est donc indispensable de s’y préparer au mieux. Bien informés sur les besoins du bébé et sur ce qui se joue pour eux, les parents choisissent les options qui leur conviennent. Ils savent pourquoi ils privilégient l’allaitement, le sommeil partagé ou le portage. S’ils en décident autrement, c’est aussi en connaissance de cause. Mais surtout, ils doivent prévenir l’entourage de leurs attentes pour avoir une chance de les voir satisfaites. Pour cela, ils ont besoin d’y réfléchir vraiment en couple.

Malgré cette vigilance, une fois les premières semaines passées, la mère finit par se retrouver seule. Inexorablement, la famille qui s’est fait présente au début s’éloigne. Avec le temps, la mère n’ose plus solliciter les proches. C’est à ce moment que je l’invite à rejoindre d’autres mères dans des lieux dédiés. Je suis convaincue que dans cette période, il est essentiel et rassurant de parler avec d’autres, de partager son expérience et ses doutes. De nombreuses communes ont développé des Lieux d’Accueil Parents Enfants. Parfois, des associations organisent des rencontres. Personnellement, je propose des groupes de paroles pour pouvoir échanger en tranquillité. À Saint Brieuc, vous pouvez également trouvez TIPI, lieu de passage et d’échanges ouvert depuis 2018. Quand vous avez besoin d’une rencontre individuelle, je vous propose un entretien postnatal qui peut enclencher un suivi plus régulier.

Quelle qu’en soit la manière, il est important de ne pas rester seuls et de choisir ceux qui vont vous soutenir.